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José Bové, le rural amoureux de Louise Michel
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LA VIE DES GRANDS FAUVES

samedi 1er septembre 2007

Charlie du 21 juin 2006

Tonton, J’y vais. Je me présente aux élections. C’est Laurent qui m’a poussé. Oui, Laurent, le mec de gauche, Fabius, voilà, tu y es, le grand révolutionnaire... Il m’a dit : « José, moi, j’ai monté des che­vaux, toi, tu sais traire les vaches. À nous deux, on devrait séduire la bergère. » Je l’avoue : j’adore traire les vaches. Particulièrement les salers... Ah, la vache salers ! La poitrine large, la robe rouge, les cornes à la Sarkozy, immenses, les pis soyeux, pleins et opulents, et les yeux, les yeux ! Tonton, tant que tu n’as pas regardé une salers dans les yeux, tu ne sais pas ce qu’est l’amour d’une femme. Sauf qu’elles ont un peu tendance à balancer des coups de leurs jolis sabots dans le seau, mais bon.
  Donc, je suis José le cultivé chez les incultes de l’agriculture, José le respectueux de la nature chez les empoisonneurs et les pol­lueurs. Papa et maman étaient chercheurs, on a vécu en Californie, j’ai étudié là-bas, et le modèle américain, je connais vraiment, les bons côtés, comme les mauvais. Je suis pacifiste, non-violent, j’ai lu Gandhi et Camara, et le journal de Giono me tire encore les larmes des yeux. Surtout quand Giono montait à l’assaut le fusil plein de terre, pour être sûr de ne pas tuer d’ennemis... J’aurais fait pareil. J’aime Ivan lllitch, j’aime Jacques Ellul. Comme dit le proverbe protestant : « Celui qui lit Jacques Ellul n’est pas tout à fait un trou-du-cul. » La technos­cience, les illusions du progrès, j’ai beaucoup réfléchi là-dessus, et à celui qui clame que je veux retourner à l’âge des cavernes je fais bouffer ma pipe. Néo-heideggerien, dis-tu ? Oui, mais tendance Marlon Brando dans Viva Zapata. Mon livre de chevet : Voyage au bout de la nuit, du docteur Destouches.
Première partie : contre la guerre, Deuxième partie : contre le colonialisme. Troisième partie : contre le capi­talisme. » Qui dit mieux ? Qui écrivit mieux ?

J’ai démonté le McDo de Millau (trois mois ferme pour ça, eh oui, l’horreur de la prison, je connais !), j’ai fauché les champs d’OGM, je suis moi-même fau­ché comme les blés, et j’ai marché par­tout avec les fauchés, les sans-terre et les pauvres du monde entier. Je me bats à la Confédé contre l’agriculture pro-ductiviste avec le noble Dufour, et, quand je serai élu, j’irai à Bruxelles, je transformerai le Parlement en Assem­blée constituante, puis je deviendrai président de l’Europe. En attendant, je te nomme ministre des Finances. Tan­dem de fonction assuré. À moins que tu préfères le pousse-pousse ? Allez ! Hasta la Victoria siempre .’  
   
O. B.

Mots clés : José Bové, Ecologie


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