lundi 2 mai 2005

Charlie du 27 novembre 2002

Rappel : cinquante-sept ans, Polytechnique, issu du corps des Mines, énarque ( promotion Déchets et Pollution »). A succédé à l’inénarrable Tchuruk-la-baisse. Élu manager de l’année en lggg. A racheté Elf en payant le silence de Jaffré d’indemnités astronomiques. S’est illustré au moment du naufrage de l’Erika par son sens de la com’ ( il propose une journée - pas deux - de son salaire aux Bretons mazoutés). Patron d’AZF, boîte toulousaine qui s’est fait remarquer connement en explosant.

Vous oubliez ces accusations de travail forcé en Birmanie ! Et l’explosion de la Mède en 1992, six morts ! Comme si je savais ce qui se passe en Birmanie. Ou à la Mède ! D’ailleurs, on ne dit pas la Birmanie mais le Myanmar. Bon. Je fais 105 milliards de chiffre d’affaires et 7,6 milliards de bénef net. J’ai hissé ma fabrique à pétrole du onzième au quatrième rang mondial. Ma croissance est plus forte que celles d’Esso et de Shell. J’attaque tous les grands gisements de gaz en ce moment. En 1997, j’ai baisé les Américains en passant outre la loi d’Amato, qui interdisait de commercer avec l’Iran. Le gaz iranien, c’est moi. TotalFinaElf est la vingtième entreprise mondiale en termes de capitalisation boursière. Je dirige l’entreprise la plus rentable et la moins populaire de France, je lis Tintin au pays de l’or noir tous les soirs.

Et je vous emmerde.

Je m’adresse à vous, bande de tarés qui foncez dans les rues de Paris dans vos quatre-quatre de 20 CV, 20 litres aux cent, 3 000 euros de vignette économisés grâce à Jospin. A vous, les fabricants de bitume. A vous, les routiers. Vous êtes pas contents que je vous file du pétrole ? Vous voulez le payer plus cher, votre pétrole ? Non ? Alors, laissez-moi affréter des pétroliers pourris manoeuvrés par des gueux et conduits par des forbans.

Vous êtes pas contents de vous exterminer sur les routes à 8 000 morts par an ?

Vous êtes pas contents de voir que Bush va casser la gueule à Saddam pour vos saletés sur pneus ?

Vous êtes pas contents de voir que la pollution du Prestige - deux fois celle de l’Erika - va détruire les côtes espagnoles et portugaises, et pas les côtes françaises, sales égoïstes ? Vous vous croyez européens ? Vous ne comprenez pas que la pollution ne connaît pas les frontières ? Même moi, je l’ai compris. Je rase la forêt birmane, j’empoisonne les mers, les airs, je bitume les routes pour vous, camarades. Pour votre petit ego tout petit. Je vous fais du bien. Je vous soigne. Vous m’aimez pas ? Allez, pour vous consoler, je vous emmène au Salon de l’auto.

O. B.

Mots clés : Thierry Desmarest, Polytechnique, ENA, X-Mines, AZF, ELF