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Claude Viet, monsieur Dégraissage social
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LA VIE DES GRANDS FAUVES N°156

mardi 26 avril 2005

Charlie du 26 mai 2003

J’ai fait ma carrière à La Poste, dans le personnel. J’ai bossé avec Longuet aux Télécom, j’ai même caressé l’idée de devenir le patron de La Poste, las, les népotiques socialistes ont nommé Vial. J’ai donc dirigé Europ Airpost jusqu’au jeudi 17 octobre 2002, où, date historique, François Fillon m’a chargé de constituer une « Cellule sur l’impact des mutations économiques sur les salariés et leurs territoires » . J’ai dit à Fillon : « Je serai votre task force pour les plans sociaux. » Fillon l’a répété à Raffarin, et Raffarin à Mer, qui a ricané. Fillon m’a préféré à Chérèque, bien trop malin pour accepter un poste. Comment gérer le plan social, faire passer la pilule du licenciement, that is the question.

Tout d’abord, insister sur le contexte de « mondialisation, concurrence internationale effrénée, innovations technologiques, complexité du monde » et plus encore, histoire de déresponsabiliser les entreprises. Elles sont des victimes de la loi de la jungle, d’une lutte qui les dépasse. Pour les solutions, insister sur la « nécessaire collaboration de tous, les actions de réseaux avec les collectivités, la souplesse, l’imagination, l’adaptation au changement, les synergies » et la tarte à l’oignon. Je rigole. Parler des « dynamiques territoriales ». Ça fait bien, « dynamique territoriale », il y a toujours un con de maire qui écrase une larme et tend une main pour la subvention. Dire « tissu associatif ? » en arquant un sourcil interrogateur. « Gestion en amont », c’est pas mal non plus. « Gestion en amont des plans sociaux ». Fillon, élu de la Sarthe, a connu Moulinex et Philips. Moi, je connais Metaleurop, EADS et, bientôt, Canal+. J’ai annoncé que je voulais « une culture du changement partagé [1] » . C’est beau comme du Raffarin, « culture du changement partagé » ... Copé, lui, parle de « contrats de territoire ». Des tonnes de concepts foireux sur les épaules des salariés, ah, ah !

L’important, c’est qu’on ait supprimé cette « loi de modernisation sociale », Car la limitation des licenciements a des effets néfastes sur l’emploi. Autrement dit, le chômage est bon pour l’emploi. Regardez la suppression de l’autorisation administrative de licenciement, réalisée par Chirac en 1986 ! Que d’emplois, que d’emplois créés depuis ! La suppression de l’amendement Michelin, très bien aussi. La charge de la preuve au salarié en cas de harcèlement moral, parfait. Tout ce qui peut liquéfier le travail est excellent. L :idéal, c’est le salarié embauché le matin, viré le soir, et réembauché le lendemain si l’on peut. Le travail est la variable d’adaptation. Bientôt 10 % de chômeurs ? Autant de boulot pour moi !

O. B.

Mots clés : Claude Viet, La Poste, François Fillon, licenciement, service public, privatisation, chômage


[1] Le Monde Économie, 26/11/02.


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