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Rose-Marie Van Lerberghe, l’euthanasie sans peine
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LA VIE DES FAUVETTES N°168

lundi 25 avril 2005

Charlie du 25 juin 2003

Là où je passe, le petit personnel trépasse, Je vais tailler dans le gras, ça va y aller ! Je remplace Antoine Durrleman à la direction générale de l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris, pour les ignares). Le plus grand centre hospitalo-universitaire d’Europe. Un mammouth de 90 000 fonctionnaires. Eh oui, y en a encore ! C’est Mattei, le ministre de la Santé, qui ma nommée il y a neuf mois. Il veut que je " mo-der-ni-se ", que je " dé-cen-tra-li-se [1] ". Il l’a écrit texto dans ma lettre de mission. On s’entend bien tous les deux parce qu’on est des ultralibéraux, mais c’est pas un rigolo : y paraît qu’il a viré Durrleman parce qu’il avait critiqué la Maison des adolescents, vous savez, le projet pharaonique de Bernadette Chirac, qui va coûter des millions à l’AP-HP. Sûr ju’avec moi Bernadette et Mattei n’auront pas ce genre de problèmes : on me donne une mission, je l’accomplis. Jusqu’au bout. Sans états d’âme.

Vous me connaissez pas ? Je paye pas de mine, je suis presque sympa. Sauf au téléphone, où là, c’est plus fort que moi, j’ai facilement le ton sec. Ce qui trahit vraiment mon caractère tranchant, c’est la sonorité de mon nom : Rose-Marie Van Lerberghe. Ca claque, vous trouvez pas ? Bon, aucun problème : j’adore les coups de fouet ! Surtout si je les donne !... Trêve de plaisanteries : j’ai cinquante-six ans, mariée, deux enfants, j’adore l’opéra et les tailleurs bleu ciel. fe suis compétente : Normale Sup, agrégation de philo, Sciences-Po, l’ENA. J’ai bossé au ministère du Travail, mais ça m’ennuyait, alors j’ai fait des allers-retours et pantouflé dans le privé : les Verreries Masnières, Danone, Altedia. Ma spécialité : les plans de licenciement. Je suis tellement douée pour ça que j’ai intégré le bureau exécutif du Syntec Conseil en évolution professionnelle, le syndicat des cabinets qui aident les patrons à virer sans vagues.

Et puis, là, franchement, avec le retour de la droite aux affaires, ça a été le pied financièrement. Vite, vite, avant que Raffarin fasse sa réforme des retraites, j’ai demandé à Fillon et à Mattei ma réintégration dans le corps de l’inspection générale des Affaires sociales, pour prendre ma retraite ! Et je l’ai eu ! Je vous raconte pas : ils ont même accepté de me la verser rétrospectivement, depuis le 1er décembre 2001. Donc, à l’époque, je n’avais que cinquante-quatre ans. En plus de ça, six mois après, quand il m’a parachutée à l’AP-HP, Mattei m’a filé un salaire de 18 000 euros par mois, le double du salaire maximal pour tel poste administratif. Ça me met de bonne humeur. Et je peux vous dire qu’à l’AP-HP les feignasses vont souffrir. On va lessiver, sous-traiter, flexibiliser. Rentabiliser, resserrer les budgets, augmenter les marges. Comme je le dis souvent : " La santé n’a pas de prix, mais les dépenses de santé, elles, ont un coùt." Comme dans les cliniques privées, compris ? Alors, les vieux et les malades qui veulent pas crever sur le trottoir, eh ben, faudra sortir les pépettes !

Emmanuelle Veil

Mots clés : Rose-Marie Van Lerberghe, Normale Sup, Sciences-Po, ENA, ministère, licenciement, l’AP-HP : Assistance publique-Hôpitaux de Paris


[1] Voir, page 6, les projets de Mattei pour la santé.


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