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Le Floch-Prigent, le divorcé du pétrole
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LA VIE DES GRANDS FAUVES N°160

vendredi 22 avril 2005

Charlie du 23 avril 2003

Je ne sais pas si j’avais les moyens de faire sauter quatre fois la République, mais, ce dont je suis sûr, c’est que je me suis fait sauter la gueule à l’occasion de ce deuxième procès. Nul. J’ai été nul. J’avais roccasion de me présenter comme un Machiavel du pétrole, un géostratège hors norme, un rouage essentiel de la politique extérieure de la France, bref, comme un grand, un président, quoi. Et puis, patatras, je m’effondre, je balbutie, je me retrouve à poil, dépassé, et, pour tout dire, un peu con. Je fais sourire quand je ne fais pas pitié. Quel gâchis ! Trente ans d’efforts pour montrer aux autres, les polytechniciens, les énarques, les inspecteurs des Finances, les puissants, qu’un petit ingénieur était digne de jouer dans leur cour, trente ans de varappe réduis à néant.

Quand je pense que j’avais quasiment fait un sans fautes. Parce que démarrer avec un petit diplôme d’ingénieur pour arriver à la tête du plus grand groupe énergétique français riest pas donné à tout le monde. Il faut de l’intuition, de rabattage, de la souplesse, du vice et une envie, un besoin de reconnaissance q’on acquiert tout petit, quand on se sent méprisé. L’intuition, je l’ai eue. Le PS sans difficultés. J’étais plutôt à gauche. Dans les années 1970, ça ne suffisait pas. Il fallait se rendre indispensable. Ah, j’en ai fait, des notes, des fiches techniques sur l’industrie, avec mon pote Boublil dans la soute ! Ma chance, je l’ai saisie quand j’ai croisé Mitterrand. Je lui ai tapé dans l’oeil. J’avais tout pour lui plaire. Une barbe, des connaissances dans des domaines qu’il ignorait, un penchant à la dévotion qu’il ne pouvait qu’apprécier. Ah, la gueule qu’ils ont faite, les autres, quand j’ai été nommé directeur de cabinet de Pierre Dreyfus ministre de l’Industrie ! Je dois avoir la taille mannequin car je n’ai pas eu plus de mal à enfiler le costard de P-DG de Rhône-Poulenc quand Gandois a démissionné. Un « patron de gauche », disaient-ils. Tu parles ! Un patron tout court ! Ah, j’ai vite changé de vocabulaire ! De fréquentations aussi. C’est là que j’ai rencontré Sirven, un DRH, qui négociait avec un carnet de chèques. Je pense que j’ai été un bon patron. J’ai restructuré, dégraissé, comme les autres. Pas plus, pas moins.

Je me sentais tellement bien dans ma peau que j’ai été scié quand la droite ma viré, en 1986. Salaud de Friedman ! La traversée du désert ria pas été trop Iongue. Mais c’est là que j’ai donné toute ma mesure. Convaincre Mitterrand que je serais le meilleur président d’Elf quand il reviendrait au pouvoir n’était pas évident. Il y avait des clients en lice. Finalement, j’ai gagné. Ma plus belle victoire.

Le reste, vous le connaissez. J’ai fait de la stratégie pour Elf et un plan d’épargne pour moi. L’idée était de devenir un tsar du pétrole et un petit émir pour mes frais et mon train de vie. A quel moment j’ai pété les boulons ? C’est venu progressivement. Ma tête a gonflé jour après jour. Je suis passé du bonnet de marin à la lessiveuse. Lessiveuse... J’aime pas trop ce mot, allez savoir pourquoi... Un regret ? Oui. La nuit, le petit chose que j’étais viens me tirer par les pieds

JACQUES PLANEY

mots-clés : ELF, Sirven, finances


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