Charlie du 11 juillet 2007
« Pour payer
ses études,
elle est vendeuse sur les marchés, maître nageur
sauveteur, gardienne de théâtre,
costumière et
habilleuse au Festival d’Avignon. À l’automne, elle fait les
vendanges. Le samedi, elle écaille les poissons sur les
marchés » (Le Monde, 29/06/07).
Ah, la petite Cosette... Formidable,
non ? Peut-on trouver plus con qu’une journaliste pour gober des choses
pareilles ? Oui : une journaliste du Monde. N’a même pas
remarqué que mon père et ma mère
étaient
universitaires... Mais bon, comme dit Nicolas, qui lui aussi eut une
jeunesse très difficile à Neuilly, « la
sagesse
commence avec le mépris des journaleux ».
Donc je
suis Christine Lagarde,
divorcée, 1,78 m, 55 kg de muscles, pointure 41, ancienne
nageuse de nage synchronisée, discipline qui est une
excellente
initiation au rire mécanique, à la vie collective
et au
travail à la chaîne. Je marche à
grandes
enjambées, je souris tout le temps, comme MAM, un peu moins
sottement me semble-t-il. J’étais la patronne du cabinet
d’avocats Baker et McKenzie à Chicago, deuxième
cabinet
mondial, 600 000 euros rien qu’en primes annuelles, franglais parfait, american touch,
mépris léger — mais souriant
— des fromages
qui puent. Le magazine Forbes m’avait classée
trentième
femme la plus puissante du monde. Quand soudain Breton (oui, le
frisé) m’appelle comme ministre du Commerce
extérieur.
C’est bien les Français, ça ! Avoir un
ministère du
Commerce extérieur, comme si les entreprises
n’étaient
pas capables d’exporter toutes seules ! Que faire ? L’appel du pouvoir
et des motards fut le plus fort : j’arrive pour sauver la patrie. Six
mois plus tard, la France connaît un déficit
extérieur inégalé, ça me
fait hurler de
rire, Sarko est élu, Breton viré, je passe au
ministère de l’Agriculture avec pour mission de bananer
discrètement Juppé l’écolo-nigaud,
l’écolo-nigaud est battu, Borloo le remplace cul sec, et me
voilà à Bercy en charge de... De quoi ? De
gérer
les dépenses qui explosent et les recettes qui flanchent,
excusez-moi, j’ai le fou rire.
Que faire
? Plus on file de fric
à l’Éducation natonale, plus on lui
crée de
postes, moins elle travaille bien. Dix-sept mille postes en moins, les
progrès seront immédiats. Mais le
non-remplacement des
fonctionnaires n’est que de la petite bière. Comme le
«
paquet fiscal » exonérations de charges et cadeaux
fiscaux
est autour de 10 milliards, que le déficit de la
Sécu
frôle les 12 milliards, faut trouver des sous. Pas
compliqué : hausse des forfaits, déplafonnement du
forfait
de i euro, déremboursements, TVA sociale en ligne de mire,
c’est
pas les malades qui vont pas se soigner ! Coincés, les
malades !
Et puis, hausse du déficit ! Voilà la solution.
Et,
croyez-moi, je connais, j’ai fait exploser le déficit du
commerce extérieur.
O.B.
Mots-clés : Christine Lagarde, fiscalité,
ministre, Etat