[ Accueil ] [ Retour
à l'article ] Jean-François Théodore, bureaucrate de la Bourse mondiale.
http://labaseob.free.fr/article.php3?id_article=100 LA VIE DES GRANDS FAUVES samedi 1er septembre 2007
Charlie du 14 juin 2006
Oui, c’est moi, Jean-François le Gaulois, le rond, le jovial, le modeste, l’homme couleur de tampon aux yeux couleur de bureau, le joyeux bureaucrate qui chante ma joie sur les chemins de la fusion boursière mondiale. J’ai soixante ans. J’ai fait l’ENA. Ma promotion porte le beau nom de Simone Weil, qui fit la fameuse loi Weil sur la contraception qui nous permit de tirer des coups... Merde, je me trompe, non, Simone la Sainte, la douce Simone aux binocles ronds, la Vierge rouge, la juive catholique. Mais oui, mais c’est bien sûr, Simone qui épousa la condition du prolétaire jusqu’à souffrir comme lui et porter le fusil avec les républicains espagnols... Et par goût du malheur, finit par attraper la tuberculose ! Ah, ce que je suis fier que ma promo de bureaucrates cupides, de boursicoteurs, de laquais du capitalisme, porte le nom de Simone Weil ! Franchement, ça fait du bien. C’est un peu comme si Zacharias-le-glouton avait rebaptisé Vinci « Léon Trotski » ! Voyez ? Donc, après avoir noirci du papier au Trésor, j’ai noirci du papier au Commissariat au Plan, et, de poème en poème, je suis arrivé à diriger la Société des Bourses françaises (la Bourse de Paris, cherchez pas), et là, le 7 juillet 1998, c’est le drame. Les boches cherchent à m’enfiler. Oui. Le 7 juillet. À l’hôtel Savoy, à Londres. La Deutsche Borse et la City scellent une alliance pour créer une plateforme de transaction. Sur mon dos ! Que fais-je ? Je contre-attaque ! Le 20 mars 2000, je fusionne les Bourses de Paris, Bruxelles et Amsterdam pour créer Euronext, dont je deviens le naturel président. Et je publie les bans au Savoy ! À Londres ! À moi Rethondes ! Vengeance ! Et c’est pas fini. Vous avez vu ce que j’ai mitonné ces derniers jours ? Une fusion avec la Bourse de New York ! Wall Street ! Moi, Théodore ! La Bourse Euronext va fusionner avec Wall Street ! Excusez-moi, j’ai un petit orgasme, voilà, c’est fini, je me reprends. Donc on fusionne, et comme le Nasdaq possède 25 % de la City, à terme, on avale les Anglais. Je deviens vice-président de l’affaire, je garde la cotation à Paris, j’exige que Paris devienne le centre international pour les introductions, et je m’essuie le front. Et les boches, dans le cul ! Vous me direz, la SEC [1] va nous contrôler, le capitalisme français va passer sous le droit américain, c’est un coup terrible porté à l’Europe, croire que se marier avec un ogre gigantesque tout en gardant son autonomie est ridicule. Je réponds : ne soyez pas pessimistes. Et puis, le capitalisme, c’est le monde, non ? Allez... En voiture, Simone ! O.B. Mots clés : Jean-François Théodore, ENA, Haut fonctionnaire, Bourse, SEC (Security and Exchange Commission, le gendarme américain de la Bourse). [1] Security and Exchange Commission, le gendarme américain de la Bourse [ Accueil ] [ Retour à l'article ] [ Haut ] |
||