Martin Bouygues, la sangsue du service public
LA VIE DES GRANDS FAUVES N°37
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Charlie du 04 octobre 2000
Ah ! Enfin on parle de moi dans ce journal ! Je suis donc le fils de Francis, l’homme qui coule du
béton dans la nature, du gazole dans les poumons et du plomb dans les têtes via TF1. Je dirige
110 000 personnes dans le monde pour un chiffre d’affaires de 15,9 milliards d’euros. A dire vrai, c’est la Saur, notre vache à lait. La Saur ? C’est une petite Lyonnaise des eaux, un petit Vivendi. Elle pompe le fric où il est, chez le buveur d’eau, et le rapporte dans les poches de la famille Bouygues, via un échafaudage tellement complexe qu’un joueur de bonneteau n’y retrouverait pas sa dame noire. 2,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour gérer du service public. J’insiste : public !
Certes, le béton rapporte. Tous les marchés publics sont truqués. Bouygues participe, au premier chef, aux ententes : Campenon-Bernard, Dumez-Lyonnaise, Fougerolle, tout ça, c’est copains et coquins pour se partager la manne publique. On avait formé le Club des spécialistes. Oui ! Les spécialistes, c’est les gros. Laissez bosser les gros. C’est pas moi qui vais gueuler contre l’investissement public ; plus il y a d’autoroutes, de ponts, de lignes de TGV, d’ouvrages « d’art » (ah, ah !), plus je ramasse.
Avec Le Lay, on avait été convoqués par le juge Charpier pour le dossier des fausses factures du BTP d’Île-de-France. Corruption active, abus de biens sociaux, faux et usage de faux, complicité et recel d’abus... le train-train, quoi. J’ai l’habitude : on a cherché à me nuire avec l’histoire des comptes suisses de Pierre Botton. Charpier m’a fait passer une nuit au poste ! En garde à vue ! Moi ! Moi qui ai fait le Parc des Princes, Roissy II, le pont de l’île de Ré, l’Arche de la Défense, le Stade de France, le Pont de Normandie, la Bibliothèque de France et la mosquée de Hassan Il ! Moi qui ai fait le métro de Sydney ! Le palais présidentiel du Turkménistan ! L’autoroute d’Afrique du Sud ! Mesquin. En plus, il m’a mis en examen pour abus de biens sociaux pour « travaux faits à mon domicile » ! Je suis sûr que ce petit juge refait ses tapisseries tout seul. La bave du limaçon n’atteindra jamais la cimaise du pont de Normandie. De toute façon, mes dossiers sont en béton. Et moi, je paye mes amendes : 148 millions pour ententes illicites. Allons... C’est pas trop cher le mètre cube de béton.
En 1999, Bolloré et Pinault, les Bretons à tronche de crêpe, ont essayé de me baiser... Et Albert Frère ! Le Belge mécanicien ! Comme si je n’avais pas vu venir avec ses pognes pleines de cambouis ! Et cette limande d’Arnault, le poisson pilote de Pinault !
J’aimais bien Tonton. Tapie aussi est un pote... Mais mon grand copain est Sarkozy. C’est lui qui m’a fait monter dans le capital de TF1 et m’a permis de remporter la troisième concession de mobiles, au nez et à la barbe d’Alcatel et de la Lyonnaise. Nicolas, c’est le bon gars. Il tire les ficelles de l’affaire Méry ? C’est vous qui le dites !
O. B.
Mots clés : Martin Bouygues, Saur (service des eaux appartenant aux Bouygues), TF1, Sarkozy, , Méry, marchés publics, Béton, Traveaux publics, abus de biens sociaux,
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