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Olivier Blanchard, le stakhanoviste de la pensée unique


LA VIE DES GRANDS FAUVES N°40


Charlie du 25 octobre 2000


Ah ! la science économique...

Depuis que la Banque de Suède a inventé de toute pièces un " prix Nobel de l’économie ", vous devez croire que l’économie est une science ! Compris ? L’économie c’est une question de foi. Il faut croire ! À genoux, les béotiens ! À genoux ! Le marché est grand, la science économique est son prophète.

Donc, je suis professeur au Massachusetts Institute of Technology, également membre du Conseil d’analyse économique, et de temps en temps je commets un billet pour Libération, histoire de rappeler que le marché parfait est le but ultime de l’humanité, laquelle doit s’élever vers la perfection, amen. Le marché parfait est infiniment bon. Recherchez ses vertus et sa bonté, mes frères. C’est vrai, ce que je raconte dans Libé est du beau gros bon sens bien épais, genre : " Peut-être que ça ira mieux demain, et, avec un peu plus d’efficacité, sans doute qu’on serait plus efficaces ", mais l’économie, c’est pas très compliqué : trois kilos d’équations pour dire " vive la concurrence, vive l’offre et la demande, et demain sera un autre jour ".

L’économie a besoin de mathématique. Pourquoi ? Parce qu’elle est une idéologie. Comme le diable, qui fait peur, et dont la ruse suprême est de faire croire qu’il n’existe pas, l’économie terroriste et fait croire, elle, qu’elle est une science. De toute façon, les citoyens ne comprendraient pas ce qui concerne leur vie. La religion avait le latin, nous, on a les maths. Hosanna. L’économie est un mystère aussi grand que le Saint-Esprit.

Adam Smith est notre père. Il a dit : " Si tout le monde est égoïste, la collectivité sera heureuse ". C’est pas magnifique ? Certes, depuis, beaucoup d’économistes ont démontré que le marché parfait était une chimère, une idéologie, une utopie aussi cruelle est dangereuse que la planification parfaite réalisée dans le goulag. Staline voulait le bonheur par la planification. D’ailleurs, marché parfait et planification parfaite, c’est la même chose. Smith et Staline, même combat.

Avouez, les gueux, que l’économie, c’est mieux que la religion, qui vous promettait le bonheur éternel dans la mort, non ? Nous, on vous promet le bonheur dans 350 000 générations, à condition que vous rampiez inlassablement sous les fourches Caudines de la marchandisation du monde, en allant vers toujours plus de pollution et de marché, qui gérera la pollution, pour un jour trouver le Graal, le marché parfait, alléluia. Et c’est la " science " qui vous le dit, pauvre cloportes !

Adorez-nous, nous, les économistes, baisez nos pieds, ne réfléchissez jamais, soyez soumis, obéissez. Ne pensez pas. La " science économique " (ah, ah ! excusez-moi, j’ai le fou rire) pense pour vous.

O.B.

MOTS CLES : Olivier Blanchard, Adam Smith, prix Nobel de l’économie, pensée unique, Prix Nobel


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