Kydland et Prescott, les deux derniers pitres du Nobel éco
Charlie du 27 octobre 2004
Moi, c’est Finn Kydland, je précise que je ne suis là qu’en tant que Norvégien et sous-assistant de mon compère, et je laisse immédiatement la parole à Teddy Prescott
Bon, Kydland n’est qu’un nul, mais je ne suis pas très brillant non plus et je me permets de préciser que la notion de « prix Nobel d’économie » est une vaste plaisanterie pour faire croire à la « scientifîcité » de l’économie : en fait, il s’agit du prix attribué par la Banque de Suède en l’honneur d’Alfred Nobel, et n’importe quelle banque de n’importe quel pays peut attribuer un prix en l’honneur d’Alfred Nobel, pour les coiffeurs, par exemple.
Je suis économiste à la Banque fédérale de Minnea-polis et, en tant qu’économiste banquier, j’affirme ceci : l’argent n’a aucune importance en économie. Tout se passe comme si l’argent, la monnaie, les sous, quoi, n’existaient pas. Vous me prenez pour un débile ? Vous n’avez pas tout à fait tort, mais j’ai construit une théorie compliquée, « la théorie du cycle réel », pour démontrer, dans la grande lignée de Friedman et autres gogols, que la monnaie est neutre. Oui, les gars : vous échangez votre travail contre du sucre et des tomates, faut pas chercher plus loin. Le crédit, la spéculation, les banques d’affaires, les banques de dépôt, les banques centrales, tout ça n’existe pas. L’économie est « réelle ». Tout se passe en volume. Et voilà le théorème fondamental de moi, Prescott : une banque centrale doit être autonome, l’État ne doit jamais intervenir, vive le marché, vive la liberté, vive la loi de la jungle, vive Dieu, vive la débilité mentale.
Car l’homme est rationnel. Il anticipe rationnellement. Il déjoue rationnellement toutes les politiques économiques. L’État hausse le taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation ? L’homme demande rationnellement une hausse de salaire, donc l’inflation continue, et dans le cul, l’État, dans le cul ! Quand l’homme ouvre une porte, il est rationnel. Quand l’homme ferme une porte, aussi. Quand il baise, il est hyperrationnel. Quand il spécule, il est rationnel. Quand il prie, il est rationnel. Quand il est irrationnel, il est rationnel.
Au printemps 2000, j’ai écrit que les actions américaines étaient à leur juste prix. Aussitôt elles ont chuté de 25 % [1] . Pas grave. Rationnel, tout ça. Avec tout le fric du Nobel, je vais me gaver de barbe à papa et de montagnes russes ! Youpi ! La théorie des cycles réels !
O.B.
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[1] Les Echos, 12/10/04
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