François Baroin,
PÊCHEUR À LA TRUITE
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LA VIE DES GRANDS FAUVES
Mon père était grand maître du Grand Orient de France et P-DG de la GMF et de la FNAC. J’étais à peine majeur lorsqu’il mourut dans un accident d’avion, appelé, comme on le sait, dans le sixième cercle de l’enfer avec les sectateurs. Jacques Chirac survint, me prit sur ses genoux, me consola. Caressant mes doux cheveux blonds, il me poussa doucement vers la politique. « Je veux être journaliste ! », gla-pis-je. « Va à Europe 1, c’est une excellente formation. Tu y apprendras à mépriser les journaleux et à leur passer la main dans le dos. » Ainsi travaillai-je chez Lagardère jusqu’à vingt-sept ans et y découvris-je toutes les finesses de la collusion avec les médias. Un homme politique, c’est la même chose qu’un journaliste, mais avec des motards en plus. Ayant épuisé mon stock de pommade à Europe, je m’inscrivis au barreau de Paris, devins conseiller municipal à Nogent-sur-Seine, puis député de l’Aube à vingt-huit ans et benjamin de l’Assemblée nationale. Et puis maire de Troyes, et puis porte-parole de Chirac pendant la campagne de 1995, et puis ministre de Juppé, et puis ministre des DOM-TOM, et puis ministre de l’Intérieur. J’aime Chirac. J’ai attendu son retrait définitif de la vie politique pour prendre position pour Sarko. Pendant un mois, je vais essayer de faire oublier que l’ex de l’Intérieur a hystérisé la société française sur la question de la répression, et ça va pas être de la tarte dans la gueule !
A l’Outre-mer, j’ai été tout simplement admirable. Vous avez vu comment j’ai géré l’épidémie du chikungunya, à la Réunion ? Et l’accident de ces pauvres Martiniquais, en 2005... J’ai géré la bouillie martiniquaise. Un
peu auparavant, j’avais parfaitement géré la question du droit du sol, dans un superbe article du Figaro Magazine [1]. Et là, sans langue de bois, sans tabou, j’ai décrété que, merde, toutes ces immigrées qui viennent accoucher à Mayotte ou ailleurs pour que leurs lardons aient la nationalité française, ça commence à bien faire, et que le tabou du droit du sol, enfin, ça va, quoi, ne soyons pas hypocrites ! « Oh, oui ! », gémissait le journaliste du Fig Mag tout en m’astiquant une bottine. Je lui passai l’autre. Donc il faut faire de « l’expérimentation législative » pour tenir compte des conditions particulières du coin. Par exemple, avoir une législation à l’essai, plus répressive, pardon, plus en avance, tester in vivo sur le local et voir ensuite ce que ça peut donner chez nous. En France. Vous direz, là-bas aussi, c’est la France. Allons, ne soyez pas hypocrites ! S’il y avait les mêmes conditions d’immigration en France et à Mayotte, quelle pagaille ce serait !
mots-clés : François Baroin, Lagardère, Europe 1, Chirac, UMP, Ministre
[1] 17/09/05
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