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Hervé Morin, Ganelon n°2
LA VIE DES GRANDS FAUVES
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Traitre ou pas traitre ?
Suis-je plus traître que Besson ? That is the question.
Quand on se croise, avec Besson, on
baisse les
yeux, on
essuie subrepticement la
main qui vient d’être serrée. « Ba
choli, ba choli
», murmure le vent dans les arbres. Tout de même,
Besson
est plus traître que moi, non ? J’étais dans la
majorité ! J’ai trahi Bayrou pour une poignée de
deniers
et un ministère de la Défense totalement
contrôlé par le président et le Conseil
national de
la sécurité, où je ne pourrai rien
faire. Mais
merde ! Un ministère ! Régalien ! Vous avez vu si
Moumoune, ma
femme, était
contente en visitant mon ministère à moi, avec
mes
huissiers et mes serviteurs ? Au fait, et Kouchner, ce fumier... Lui
aussi engraisse les mille fleurs du sarkozysrne. Et elle est pas
contente, la Ockrent ? Alors, ta gueule, Baillerou !
Donc je
suis Hervé Morin,
et sans François Bayrou je ne serais rien. Bayrou m’a fait.
« Un serpent il réchauffa, qui
réveillé le
piqua. » Poil à la rime. Car Bayrou est un
lettré
honnête. Eh bien, qu’il reste avec Lassalle (le
député gréviste de la faim, NDLR) et
Sarnez
(directrice de campagne, NDLR) à bouffer
honnêtement du
fromage des Pyrénées. Moi, la bouse, j’ai
déjà consommé : papa était
fermier à
Épaignes, dans l’Eure, 1275 âmes, et si je n’avais
croisé l’abbé Léotard, amen, fermier
je fusse
devenu. Après avoir ciré les pompes de Baillerou
pendant
une dizaine d’années, arraché son
amitié, bu son
vin et souri à sa cour et à ses femmes, je suis
devenu
député, président du groupe UDF, que
j’emmène derrière moi. Et je dis : «
C’est toi,
Bayrou, qui nous as trahis, en ne votant pas Sarko, qui nous offrait
tant de postes ! » Notre séparation fut un
déchirement. « Tu quoque, fili !
», dit-il, la paupière mouillée.
« Non solum
sed etiam
», m’étranglai-je. « Salaud, Judas de
mes deux
», renifla-t-il. « De Gaulle du Béarn
»,
pleurai-je. Mais je me mouchai rapidement et partis constituer le PSLE,
Parti social libéral européen, destiné
à
contrer le grotesque MoDem sans logiciel. J’appelai Baylet, puis Tapie,
puis Besson, puis tous les traîtres des Pages jaunes, et
envoyai
mes troupes conquérir la France : ma femme, mes cousins, mon
chauffeur et ma secrétaire. Sachant qu’il nous faut un
groupe
à l’Assemblée et que chaque voix nous rapporte
1,63 euro,
on a intérêt à être
présent partout,
té ! Aujourd’hui, Besson, Kouchner et moi constituons un
sous-groupe des ministres félons et prions ensemble saint
Grouchy et saint Ganelon, les yeux fermés, en silence, car
échanger des regards nous met mal à Taise. Vous
inquiétez pas : quelques semaines, et on aura
oublié !
ONCLE BERNARD
Mots-clés : Hervé Morin, ministre,
député, UDF, Bayrou
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