Charlie du 19 octobre 2005
Pour une fois que
je peux
m’exprimer à visage découvert dans Charlie ! Oui,
c’est
moi qui suis à la fois le spin-doctor, le sherpa, le
communicant, le planner-stratège, l’expert,
l’intellectuel-sondeur, le clubiste-analyste-conseiller-image et le
fournisseur de thermomètres de Sarko (ah ! « Sarko
!
», le gentil diminutif affectueux adopté par vous
tous,
n’est-ce pas ?). Il lui faut bien tout ça, au futur
président...
A vingt ans, l’ai
intégré le RPR,
juste après la défaite de Chirac, pressentant que
mon
heure politique était venue. Ayant
bâclé rapidement
une école supérieure de gestion de
troisième zone,
j’ai magouillé dans l’appareil du parti, jusqu’à
ce que
je rencontre Nicolas à Neuilly. Et me voilà chef
de
cabinet de la municipalité et lié à la
vie
à la mort avec le maire. Vous me direz : comment un type
insignifiant comme moi, un porte-flingue, un sous-Marchais, un
apparatchik lambda, pire qu’Aillagon, peut-il devenir chef de la
communication profilé futur ministre de la Culture comme cet
Aillagon-copain-de-Pinault ? C’est simple : selon la théorie
de
Waslawicz qu’on nous enseigne à l’UMP, tout est signifiant.
Or
l’UMP ne signifie pas grand-chose. Donc l’insignifiant est signifiant.
Et tout ce que fait Sarko signifie politiquement, vous me suivez ?
Sarko pipi, signification. Sarko papa, signification. Sarko cocu,
signification. Sarko rit, Sarko zit, Sarko nie : signes. Sarko
lèche l’écran de télé tous
les matins juste
après que je lui ai pris sa température. Sarko
est vieux.
Mais Sarko est nouveau. Sarko est prêt à aimer
tout ce que
l’on déteste : les musulmans, les jeunes, les socialistes.
Sarko
est frisé-teinte parce que Viî-lepin est
raide-grisé. Sarko est sublime et subliminal. Sarko est
contre
Sarko. Le matin, on branche Sarko et il parle de Sarko. La nuit, il
rêve de lui. Sarko est faux, Sarko se contredit, mais, dans
le
monde réellement inversé, le faux est un moment
du vrai,
poil au faux nez.
Fouks-le-félon
(le type
qui a fait battre Jospin, ndlr) m’a conseillé le
thème de
la rupture : « C’est tellement contre-productif, tellement
exaspérant et stupide, m’a-t-il dit, trente ans
après
Thatcher, que ça devrait marcher. » Bien
sûr que
ça va marcher ! la rupture, la continuité, la
fracture
sociale, la croissance sociale, la croissance égale,
inégale, durable, harmonieuse, la nouvelle France,
l’ancienne
France, la France qui avance, la France ria que foutre de la France
continue ou discontinue, du retour de la politique ou des Mongols !
Quand je vois qu’un Jospin, qui avait réduit le
chômage de
trois points, s’est fait virer comme un minable, je me dis qu’on est
toujours trop gentils avec les Français à leur
chercher
des slogans pour les faire frétiller. Allez ! Au pied, la
France
! Au turbin ! Va gagner ton pain ! La « com »... Je
t’en
foutrai de la « com », pétasse !
(À
suivre.)
O. B.
Mots clés : Franck Louvrier, Sarkozy, RPR, UMP