Charlie du 1er septembre 2004
Et alors ? Quand
c’était te curé Delors qui tenait la Commission,
vous étiez contre ?
Sauf que moi, je tiens pas la Commission, mais un strapontin. Aux
transports. M’ont même pas laissé
l’énergie et les
relations avec le Parlement qu’avait la gentille Loyola del Palacio de
l’Opus Dei amen, celle qui braillait haut et fort que l’ETA avait
organisé le massacre de Madrid. Je prie pour toi, Loyola (et
pour ton excellent pinard [1]).
Donc, je
suis le nullissime
Jacques Barrot, encore plus transparent que Méhaignerie, mon
rival pour la présidence du CDS, ce parti de masses
chrétiennes, mais néanmoins ami, amen.
Méhaignerie
affirmait son inexistence à grands coups de double menton et
de
mèche romantique sur les cils, moi, c’est en foudroyant mes
ennemis de mon œil inflexible.
Un jour, j’ai dit
« bite-couilles » à toute vitesse dans
mon mouchoir et suis allé aussitôt me confesser.
Le
Seigneur m’a dit : « Barrot, t’es con, mais je sens en toi la
fibre sociale. Dégage. »
Je
n’étais alors que
giscardien, autrement dit pas grand-chose, et j’ai rencontré
l’immense Raymond Barre (le gars qui a témoigné
pour la
béatification de Balaguer, le fondateur de l’Opus Dei). Il
m’a
fait secrétaire d’État au Logement. Puis ministre
au
Commerce et à l’Artisanat, et enfin ministre de la
Santé
et de la Sécurité sociale. Plus tard,
Juppé m’a
fait ministre du Travail, du Dialogue social et de la Participation, et
ensuite ministre du Travail et des Affaires sociales.
Soudain,
rien. Je quitte Bayrou
pour Chirac, qui ne m’en veut pas d’avoir été
balladurien, sachant bien que les idées d’un Barrot, bref.
Et me
voilà président de l’UMP. Le temps passe, et,
curieusement, au lieu de me nommer Premier ministre, on m’envoie
à Bruxelles.
Et là, tout le
monde se fout de ma gueule
parce que je ne parle que français ! Et alors ? Vous voulez
que
je cause patois, comme Bayrou ? Dans les couloirs, on ricane :
«
Tiens, la France n’est plus rien, regardez qui passe ! » Oh,
oh,
Lamy, Barnier, c’était pas des aigles non plus. D’ailleurs,
mieux vaut quelqu’un qui ne fasse rien que quelqu’un qui fasse mal. 40
% des documents étaient rédigés en
français
en 1997, autant qu’en anglais. Seulement 18 % aujourd’hui, contre 73 %
en anglais. Avec moi, le français va revenir en force ! Je
prends ma baguette et mon béret, et à moi
l’Europe !
Droit dans le mou !
O.B.
Mots-clés : Jacques Barrot, cul bénit,
catholique, Raymond Barre, Opus Dei, Etat, ministre, UMP, Europe